La naissance de GOGOL PREMIER
Avec mon gratteur et néanmoins ami Crawa nous écumâmes les rades de Normandie comme des naufrageurs du rock .
Alors Je ne m’appelais pas encore GOGOL et je n’étais pas le premier. Mon coreligionnaire avait déniché une sorte de caravane perdue en bord de mer et s’y était installé. Nous y buvions des bières en évoquant notre flibuste, nous y pansions nos plaies, nous y préparions nos abordages. Très Tôt un matin, nous revîmes d’une équipé nocturne avec comme butin une Hollandaise. Une Estivantes couverte de coup de soleil, groupie de fortune qui avait succombé au charme caustique de mon frère de la cote. Je choisis de ne pas invoquer le principe de partage du code de la piraterie préférant invoquer le levant et la fraicheur des brises marines.
Je laissais crawa avec sa batave transformer le mobil home en bateau ivre et je partis m’enivrer d’iode sur la grève déserte. Face à l’onde amer ma vue se porta sur l’horizon. La lumière de l’orient commençant à s’élevé dans mon dos et m’invita à regarder comme le soleil. Tous les matins, quand le soleil né, avant de monter dans le ciel, il regarde dans la direction vers où il va mourir. Je suivis ce trajet invisible de la tête d’abord à l’envers puis à l’endroit puis en me mettant à la perpendiculaire sur cette ligne qui sépare l’eau de la terre de manière incertaine à cause du ressac. Après quelque révolution, une forme étrange de tournis me fit m’assoir à même le sable granuleux. Etais-ce la fatigue ?
Pourtant je me sentais parfaitement lucide. Dans le ciel et autour de moi une bande de mouettes rieuses se payaient ma tronche. J’avais l’impression d’être dans un œuf dont le ciel serait la coquille, la mer le blanc et la terre le jaune. Mais moi qui étais-je vraiment ? Un certain Jacques Dezandre ?
Ce nom ne semblait plus rien me dire. J’étais simplement un germe dans le jaune de cet œuf cosmique. La mer par un coup d’écume me rappela à son attention. Quelque chose de confus et mélangé était là où Je me situais, à l’intersection du ciel, de la terre et de la mer. Cette chose sortait de l’inexistant, commençait à grandir ne demandait qu’a éclore. Sans limites et sans durée était le temps, et un vent s'élevait. Et le vent devint amoureux de la mer et se retourna sur lui-même, soulevant du sable des grains de désir que je pris dans la gueule. Je me sentis en vie car ce désir était le point de départ de tout. Du fin fond de la pourriture aqueuse aux nuages rares contemplateurs des cieux, tous criaient un nom inaudible.
Ce nom remontait la Manche chevauchant les courants marins. Après avoir joué à cache-cache autour du globe avec le soleil, il avait choisi de le rencontrer là ou je me trouvais, à l’intérieur de moi. Les homards du cotentin marinèrent dans leurs « bisque bisque rage ». Les carrelets « mosaïquaient » le nacre des huitres. Les lieux sortir de leurs plans et virent les turbots accélérer pour épater les crevettes. Les cabillauds se séparèrent de leurs morues. Les barbues se rasèrent avec des couteaux. Les soles pleurèrent atteintes par la bave de l’infâme bulot. Les harengs se fumèrent pour une histoire de coque. Les maquereaux relevèrent les compteurs des moules.Les bars dansèrent nus sur leurs comptoirs devant des crabes endormis et les Bernard Lhermitte s’inscrivirent dans un club de rencontres pour bigorneaux.
Des côtes normandes jusqu’a celle d’Albion, le monde sous marin rentrait en ébullition. Ce monde qui resta silencieux pendant l’épopée de Guillaume le conquérant, le débarquement des Alliés et l’odyssée du commandant Cousteau avait décidé de l’ouvrir et de cracher le morceau…
Dans le ciel goélands, et mouettes ( encore celles là) construisaient une cathédrale de guano.Soudain surgissant du trou du cul du ciel, un albatros planant déploya son envergure majestueuse. Le prince des nuées, qui hante la tempête et se rit de l’archer me regarda comme un Baudelaire exilé sur la terre au milieu des huées. Il annonça l’arrivée imminente de ce nom qui remontait les courants et je l’entendis car il venait d’arriver jusqu'à moi : GOGOL.
- Ha tu es là mais on s’inquiétait ! Ca fait une demi-heure qu’on te cherche!
La voix de Crawa main dans la main avec sa blondasse aux yeux bordés de reconnaissance me tira de l’inconscience. J’avais du tomber dans les pommes à calvados. Avais-je rêvé ? Bercé par le chant des sirènes de la Manche qui auraient plutôt tendance à réveiller les épaves. Mais quand Crawa m’appela par mon prénom je ne le compris pas.
- Non Crawa moi c’est Gogol et je suis le premier.
Non, je n’avais pas rêvé !
Crawa qui lui aussi à sa façon avait connu « l’unia mystica » (l’union mystique avec l’univers) avec sa conquête mimolette me répondit :
- pourquoi pas.
Depuis ce matin d’été ou j’ai marché sur la mer et où je fus adoubé par le seigneur Albatros, je réponds au nom sous lequel vous me connaissez : GOGOL PREMIER !
"CONFESSIONS", LA BIO NON CENSUREE DE GOGOL PREMIER !